Psoriasis sévère : en 2012 nouveaux traitements par biothérapie

Sabine de la Brosse - Paris Match
Paris Match. Rappelez-nous les ­caractéristiques du psoriasis ?
Pr Carle Paul. Il s’agit d’une maladie chronique de la peau non contagieuse, qui, en France, touche 3 % de la population. Elle se manifeste par des plaques rouges recouvertes de squames blanches, qui apparaissent principalement au niveau du cuir chevelu, des coudes, des genoux et des mains. Ces plaques résultent d’un renouvellement trop ­rapide des cellules cutanées, en trois ou quatre jours au lieu de trois semaines. Un psoriasis provoque deux fois sur trois des démangeaisons et peut être douloureux. Outre la peau, les articulations sont parfois atteintes.
Existe-t-il plusieurs stades ?
Oui, il y en a trois. Les formes légères qui se manifestent par l’apparition de deux ou trois plaques. Les formes modérées où les lésions sont plus étendues ou situées sur des zones visibles. Les formes sévères où le psoriasis recouvre plus de 10 % du corps. Cette maladie retentit énormément sur la qualité de vie des patients qui craignent que les “lésions provoquent un rejet des autres”.
Connaît-on la cause du psoriasis ?
La cause exacte n’est pas totalement élucidée. Il existe des formes ­familiales, donc une prédisposition génétique. On a également constaté une inflammation du derme et de l’épiderme, avec dilatation des vaisseaux et accumulation des cellules du système immunitaire (lymphocytes, polynucléaires). Ces cellules entraînent des ­lésions par le biais de “messagers biologiques” produits en excès, les cytokines. Ce sont eux qui sont responsables du renouvellement cutané accéléré.
Y a-t-il des facteurs qui favorisent l’apparition de ces plaques ?
Oui : un stress psychique ou ­physique, des infections, certains médicaments, tels des bêtabloquants.
Selon les stades, quels sont les traitements ?
Dans les formes légères, on utilise des traitements locaux (crèmes, ­pommades, etc.) . Pour les formes ­modérées à sévères, on prescrit classiquement des séances de photothérapie aux ultraviolets ou un traitement par voie orale (méthotrexate, rétinoïdes...). Chez les ­patients résistant à ces protocoles, une avancée importante a été réalisée avec la mise au point de traitements biologiques très ciblés, administrés par voie injectable (sous-cutanée ou intraveineuse), qui neutralisent les cytokines responsables des lésions. Nous disposons déjà de plusieurs produits qui neutralisent la cytokine TNF alpha. Une nouvelle molécule arrive sur le marché en 2010 : l’ustekinumab. D’autres médicaments en cours d’évaluation vont être commercialisés dans deux ou trois ans.
Pour ces psoriasis sévères et résistants, quels résultats obtient-on avec ces traitements biologiques ?
Les biothérapies ont une efficacité égale ou supérieure aux traitements conventionnels. Elles permettent, sous surveillance médicale, de contrôler la maladie et de restaurer une qualité de vie normale. Chez 70 à 80 % des patients traités, on observe une disparition quasi totale des plaques. La plupart d’entre eux doivent continuer leur traitement pendant plusieurs années.
Outre ce dernier traitement ­commercialisé en 2010, quelle est la dernière innovation ?
Nous avons récemment mis au point, dans des services hospitaliers de dermatologie et avec des infirmières spécialisées, un programme d’éducation des patients afin qu’ils puissent mieux gérer leur maladie et s’injecter eux-mêmes leur médicament au moyen d’un stylo ou d’une seringue ­préremplie.
A-t-on évalué les bénéfices de cette nouvelle autoadministration ?
Oui, par des études internationales, réalisées sur plusieurs milliers de patients. Selon les résultats, ces traitements, et ­particulièrement ce nouveau mode d’administration, procurent aux malades une nette amélioration de leur qualité de vie.
* Chef de service au CHU de Toulouse. Point final