Attaquer et vaincre le psoriasis

Le psoriasis est une maladie de peau particulièrement injuste.
Alors qu’elle n’est pas contagieuse, elle forme des plaies et des croûtes d’aspect facilement repoussant. Lorsque ces plaies et croûtes apparaissent sur une partie visible du corps, elles compliquent douloureusement les relations sociales du patient. Rien à faire : la plupart des gens restent persuadés qu’ils doivent garder leurs distances avec le malade, alors qu’il n’y a en réalité aucun risque de contagion.
Mais les problèmes ne s’arrêtent pas là pour les personnes qui souffrent de psoriasis : ces plaies, comme on peut l’imaginer, font parfois mal, ou même très mal. Quand elles se nichent dans les plis de la peau, dans le coude par exemple, elles provoquent picotements, démangeaisons et brûlures intenses. Certains ont la malchance d’avoir du psoriasis sur la paume de la main ou la plante des pieds : la moindre tâche ménagère, le plus petit déplacement leur fait souffrir le martyre.
Et il y a encore pire ! Alors que, dans sa forme bénigne, le psoriasis se limite au cuir chevelu, aux ongles, aux genoux, aux coudes, aux pieds, aux mains et, parfois, aux organes génitaux, il peut chez certains s’étendre et gagner la totalité du corps !!
Pour certains malheureux particulièrement accablés par le sort (5 % des malades environ), les complications vont encore plus loin : alors que le psoriasis est, a priori, une maladie de peau, il provoque chez eux des gonflements et douleurs d’articulations, liés au délitement de leur cartilage. Vous avez reconnu cette maladie : il s’agit de l’arthrite, dans une forme proche de l’arthrite rhumatoïde, autrement dit une maladie potentiellement invalidante.
Seul rayon de soleil sur ce sombre tableau : le psoriasis évolue par poussées. Il augmente, puis disparaît, parfois complètement. La malade retrouve donc, provisoirement, les joies d’une vie normale.
Il n’empêche : pour les 2 à 4 % de la population qui sont touchés par le psoriasis, il est urgent de faire quelque chose. Mais quoi ?

La médecine démunie face au psoriasis

C’est bien là le problème. Si vous consultez une encyclopédie de médecine, vous constaterez que, comme pour tant d’autres maladies chroniques (c’est-à-dire des maladies qui reviennent périodiquement), « aucun traitement curatif ne permet de traiter le psoriasis actuellement. »
On vous donne un crème à la cortisone, qui fait effectivement régresser les symptômes… et le psoriasis reprend de plus belle dès que vous arrêtez. L’inconvénient majeur de la cortisone est qu’il est impossible d’y recourir sur le long terme : non seulement vous aurez de gros effets secondaires, mais votre corps s’y accoutumera, vous obligeant à augmenter sans cesse les doses.
A défaut d’avoir une solution, les experts se disputent sur les causes du psoriasis : certains disent qu’il est d’origine psychologique. D’autres soutiennent qu’il s’agit d’une maladie « auto-immune », c’est-à-dire provoquée par le système immunitaire du patient, qui s’attaque à son propre corps au lieu de se contenter de détruire les organismes étrangers. D’autres spécialistes pensent que c’est « l’environnement ». Une nouvelle génération de chercheurs en médecine a pour sa part décrété que la maladie est, dans 30 % des cas, « génétique ».
Et qui sommes-nous pour trancher, cher lecteur ? L’explication génétique plait. Elle fait moderne. D’un autre côté, où est l’espoir de guérison, quand c’est génétique ? La machine à changer les gènes présents dans les cents mille milliards de cellules (oui, avec 12 zéros) qui composent notre corps n’a pas encore inventée, et n’est pas près de l’être.

Une maladie inflammatoire

Une chose est sûre : lorsque vous regardez au microscope une plaie de psoriasis, vous vous apercevez que ce n’est pas à cause d’un manque de peau que l’épiderme est à vif. C’est le contraire : les cellules de la peau se renouvellent trop vite. Tellement vite qu’elles n’ont pas le temps de vivre, puis de mourir, pour laisser la place à une nouvelle couche de peau. A peine les cellules de peau sont-elles nées que, déjà, apparaissent d’autres cellules de peau derrière elles. Plusieurs couches de peau se forment là où il devrait n’y en avoir qu’une, formant une croûte qui se fissure, puis se détache et laisse une plaie sanguinolante.
Cette plaque est pleine de petits vaisseaux sanguins et, surtout, de leucocytes, autrement dit des globules blancs, caractéristiques des réactions inflammatoires.
Or, la bonne nouvelle est que l’on connaît de nombreux moyens naturels de lutter contre l’inflammation. Et l’expérience prouve qu’une stratégie complète de mesures naturelles contre l’inflammation est effectivement efficace contre le psoriasis !

Stratégie n°1 : la nutrition anti-inflammatoire

De nombreux aliments que vous consommez provoquent une inflammation dans votre corps. Vous n’y faites pas forcément attention mais vous avez le nez congestionné, les yeux qui grattent, la respiration plus difficile, le transit intestinal perturbé lorsque vous les mangez. Si vous pouviez voir à l’intérieur de vos artères et de vos organes, vous observeriez une inflammation, avec des conséquences qui peuvent être graves à long terme si cette inflammation est trop fréquente : hausse du risque de problèmes cardiovasculaires (infarctus, attaque cérébrale) et de certains cancers.
Ces aliments inflammatoires varient d’une personne à l’autre mais il y a des constantes : les produits laitiers, la charcuterie, le gluten (un ensemble de protéines que l’on trouve dans le blé, l’avoine, l’orge, le seigle et l’épeautre), les graisses saturées et les acides gras oméga-6 en excès (dans l’huile de tournesol et de maïs), la viande rouge, l’amidon, le sirop de glucose sont inflammatoires.
Réciproquement, il existe de nombreux aliments qui ont un effet anti-inflammatoire : les acides-gras oméga-3 (dans l’huile de colza, les noix, les poissons gras, les crustacés), les fruits et les légumes frais, peu ou pas cuits, surtout ceux qui sont colorés, le vin rouge, sont anti-inflammatoires et anti-oxydants car riches en flavonoïdes. On parle aujourd’hui du régime « arc-en-ciel » : faites un arc-en-ciel de crudités, ou de légumes cuits à la vapeur, dans votre assiette. Pour épicer vos plats, pensez au curcuma, à la couleur jaune-orangée. C’est une épice fantastique pour ses propriétés anti-inflammatoires. Elle vous permettra en prime de lutter efficacement contre le cancer. La consommation de thé vert, contenant de nombreux antioxydants, est aussi recommandée contre le psoriasis (attention de laisser votre thé vert infuser une bonne dizaine de minutes avant de le boire, soit bien plus que le thé noir).
Chaque fois que vous le pouvez, échangez dans votre assiette un aliment blanc contre un aliment coloré.

Stratégie n°2 : les fabuleuses vertus du soleil

Les experts en marketing essayeront de vous vendre de la « luminothérapie » ou de la « photothérapie ». Dans les deux cas, il ne s’agit que d’un remède vieux comme le monde, et qui était jusqu’à il y a peu totalement gratuit : le soleil. (Un conseil en passant : en général, mieux vaut tourner les talons dès qu’on vous propose un traitement qui compte plus de cinq syllabes).
En ces mois d’hiver, profitez de chaque occasion pour sortir quand il fait beau. Exposez-vous directement, sans bonnet ni gants, et même les avant-bras si la température le permet : vous fabriquerez de la vitamine D, qui vous aidera à lutter contre le psoriasis.
Mais la stratégie la plus efficace reste d’exposer directement votre psoriasis au soleil. Attention toutefois d’éviter que votre épiderme à vif ne subisse une brûlure supplémentaire. Des expositions courtes mais fréquentes au soleil sont votre meilleur remède. Vous assisterez à une rapide cicatrisation de la plaie, avec un effet durable (contrairement au boutons d’acné qui eux, réapparaissent au bout de quelques jours).

Stratégie n° 3 : les bains

Prenez régulièrement des bains, bains de mer, certaines eaux thermales, bains de boue si vous en avez l’occasion (1). Cela permet à votre peau de se désquamer naturellement, et de limiter l’inflammation dans la plaie.
Les eaux de la Mer Morte sont particulièrement réputées contre le psoriasis.
Vous renforcerez l’efficacité des bains, tout en vivant une expérience inoubliable, si vous y ajoutez des Garra Rufa, ce petit poisson vivant dans certaines eaux chaudes de Turquie et qui est connu sous le nom de « Doctor Fish » (poisson médecin). Il soulage du psoriasis en mangeant les peaux mortes. Ce n’est pas une boutade : des traitements sont proposés notamment dans des établissements en Autriche, en Allemagne et en France.
Certaines personnes se font même installer des aquariums chez elles, avec des Doctor Fish, comme sur cette vidéo : http://www.youtube.com/watch?v=6CRWmtC1fDM, où un Danois explique qu’il s’est fait livrer 25 Garra Rufa, qu’il a mis dans un aquarium de 325 litres.

Stratégie n°4 : plantes et huiles essentielles

L’huile de bourrache (Borago officinalis) combinée à l’avoine (Avena sativa) possède des propriétés intéressantes, prise en complément nutritionnel. Ce mélange est riche en acides gamma-linolénique (acide gras essentiel oméga-6) qui favorisent la souplesse de la peau, tout en diminuant l’inflammation. (2)
La pensée sauvage (Viola tricolor) est aussi intéressante en complément nutritionnel : elle est riche en tanins, ce qui freine la sécrétion sébacée de la peau (qui donne l’aspect gras et luisant à la peau). Elle contient des mucilages, une substance végétale semblable à la gélatine, et d’aspect visqueux lors du contact avec l’eau, des flavonoïdes (source importante d’antioxydants) et de la vitamine E, aux propriétés inflammatoires et antioxydantes. Elle possède tout comme l’avoine et la bourrache, des acides gras insaturés, assurant ainsi une action sur la structure de la peau. Ses effets sont multipliés lorsqu’on l’associe à la bardane (Arctium lappa), qui a des propriétés antibactériennes et antifongiques. Des tests en laboratoire ont été effectués sur la bardane, et ont montré des propriétés antiseptiques. (3)
Ces compléments alimentaires sont pris par voie orale et il est conseillé de procéder par cure avec une période d’arrêt pour laisser le temps à l’organisme d’assimiler et de se préparer à une nouvelle cure.
Les huiles essentielles doivent aussi être essayées. Dans une base d’huile de colza, de noisette ou d’amande douce, mélangez une goutte d’huile essentielle d’immortelle (Helichrysum italicum ssp serotinum), une goutte de géranium d’Egypte (Pelargonium x asperum) et une goutte de niaouli (Melaleuca quinquenervia CT CINEOLE). Appliquez ensuite ce mélange 2 fois par jour sur les plaques de psoriasis. (4) Les règles habituelles de précaution s’appliquent à l’aromathérapie (la science des huiles essentielles) qui n’est pas sans risques. Il est conseillé d’éviter l’utilisation des huiles essentielles pour les femmes enceintes et les enfants de moins de 6 ans.

Le coup de grâce

Mais vous ne pourrez espérer un effet total sur votre psoriasis qu’avec un changement radical de votre mode de vie, qui permettra de diminuer votre niveau de stress, d’anxiété, votre consommation de produits inflammatoires (la cigarette a des effets désastreux sur le psoriasis), votre exposition aux polluants (gaz d’échappements, chauffage de ville) et aux toxines que vous absorbez (par l’eau que vous consommez et, plus encore les éventuels médicaments chimiques que vous prenez). (5)
Je termine par là parce que je sais que ces changements ne sont pas faciles à faire, ils paraissent même impossibles à beaucoup d’entre nous.
Mais le retour à un mode de vie sain et naturel, avec une nourriture saine, beaucoup d’activités de plein air, et un bon sommeil, est une condition sans doute indispensable pour en finir définitivement avec le psoriasis. D’ici là, les stratégies indiquées ci-dessus devraient néanmoins pouvoir aider et vous permettre de retrouver une existence « normale » sans le regard dégoûté des autres qui peut être source de légitime tristesse et sentiment d’abandon. En adoptant ces techniques, il pourrait être possible de soulager la maladie pour la mettre au second plan de ses pensées.