Le psoriasis dans tous ses états

Plaques rouges, démangeaisons… le psoriasis touche environ 3 millions de Français. Mais l'on confond trop souvent cette maladie avec d’autres problèmes de peau. Comment la reconnaître ? Le point avec Doctissimo.
Il n'existe pas un mais des psoriasis : en plaques, en gouttes, du cuir chevelu, des ongles, etc. Chaque forme est plus ou moins gênante, et nécessite un traitement adapté. Bien connaître sa maladie, c'est le premier pas vers la guérison !

Des lésions parfois trompeuses

Le psoriasis "vulgaire"
Cette forme, la plus fréquente, se caractérise par des plaques rouges de plusieurs centimètres, recouvertes de squames épais et nacrés. Elles peuvent siéger n’importe où sur la peau, avec cependant des zones de prédilection : coudes, genoux, région lombaire (bas du dos), fesses et cuir chevelu. L'atteinte est souvent bilatérale (2 coudes ou 2 genoux par exemple). Le psoriasis touche rarement le visage.
Le diagnostic est moins évident lorsque les plaques sont en voie de guérison. De la forme d’un anneau (guérison centrale, persistance d’un cercle rouge), elles peuvent être confondues avec une mycose par exemple.
Le psoriasis en gouttes
Les plaques, qui apparaissent brutalement, sont nettement plus petites, disséminées sur le corps et ressemblent à des gouttes d’eau. Cette forme de psoriasis est plus fréquente chez les personnes de moins de 20 ans et fait souvent suite à une infection banale (rhino-pharyngite par exemple). Elle peut être confondue avec une éruption infectieuse (varicelle, syphilis secondaire) ou encore avec des piqûres d’insecte multiples. Elle régresse en général spontanément, mais peut évoluer vers une forme classique.
Le psoriasis nummulaire
Les plaques sont de la taille d’une pièce de monnaie, d’où cette dénomination (un numismate collectionne des pièces). Ces lésions peuvent être confondues avec celles dues à un champignon (dermatophite) ou à une infection (staphylococcie).

Des localisations particulières

Le psoriasis du cuir chevelu
Comme pour le psoriasis vulgaire, l’atteinte du cuir chevelu se caractérise par des plaques rouges surmontées d’épaisses squames blanchâtres. Ces lésions entraînent démangeaisons, desquamations sous forme de grosses pellicules et parfois même saignements. Les plaques sont en général épaisses, pouvant former une véritable carapace sur le cuir chevelu. Le psoriasis du cuir chevelu peut être confondu avec une dermite séborrhéique, cette affection pouvant entraîner les mêmes signes.
Le psoriasis des plis
Cette forme particulière, également nommée psoriasis inversé, touche les zones de flexion : aine, aisselles, plis des coudes et genoux, etc. Les plaques sont peu squameuses et le diagnostic est difficile lorsqu’elles sont limitées aux plis, pouvant être confondues avec des lésions d’intertrigo.

Le psoriasis des ongles
Les lésions sont très variables et peuvent être confondues avec celles dues à un champignon (onychomycose) : ongle épaissi, lésions à type de petits enfoncements comme sur un dé à coudre, stries, cassures, etc.
Le psoriasis palmo-plantaire
Les plaques sont bien délimitées, brillantes, épaississant la peau de la plante des pieds ou de la paume des mains, grattant peu (ce qui permet de les différencier d’un eczéma ou d’un champignon). Plus rarement, elles peuvent être pustuleuses (recouvertes de bulles), ou se présenter sous forme de "cors".
Le psoriasis des muqueuses
Plus rare, il peut affecter les muqueuses génitales et la bouche (langue et face interne des joues). Le diagnostic est souvent difficile surtout lorsque les organes sexuels sont touchés. Attention ces lésions peuvent handicaper votre vie sexuelle. N’hésitez pas à consulter !
Une forme méconnue : le rhumatisme psoriasique
En dehors des formes cutanées, le psoriasis peut toucher les articulations, dans 20 % des cas. Il s'agit d'un rhumatisme inflammatoire chronique, touchant plus particulièrement les patients de plus de 50 ans avec une forme cutanée ancienne. Lors d'une poussée, les articulations deviennent raides et douloureuses, limitant les mouvements. L'atteinte peut se limiter à une articulation ou au contraire être polyarticulaire, symétrique ou non. Les poussées successives d'arthrites peuvent finir par devenir déformantes, destructrices et ankylosantes.
En conclusion, si depuis quelques temps vous avez des lésions ressemblant à celles décrites et illustrées ci-dessus, n’hésitez pas à en parler à votre médecin traitant. Il existe aujourd’hui des traitements adaptés à chaque forme de psoriasis, permettant de mieux vivre avec cette maladie au retentissement psychologique souvent important.
Dr Jean-Philippe Rivière