Soigner le Psoriasis

Le psoriasis est une affection congénitale chronique non contagieuse dont la transmission est complexe et inexpliquée. Les gènes de prédisposition diffèrent dans les populations. Par exemple, le gène aux Etats-Unis n’est pas le même qu’en Europe. Il n’y a pas qu’un seul gène et il faut qu’il y ait des circonstances pour l’exprimer mais on ignore encore lesquelles.

● Quels en sont les symptômes ?

On le reconnaît par un épaississement de la peau qui correspond à une prolifération de cellules de l’épiderme sur n’importe quelle partie du corps sous de multiples formes cliniques. Chez l’enfant et l’adulte jeune, on observe surtout une forme dite “en goutte”, c’est-à-dire, de multiples points éparpillés, apparaissant brutalement après une infection d’oto-rhino-laryngologie. L’autre forme à l’aspect de plaques multiples, souvent symmétriques, apparaît sur les coudes et les genoux principalement. La forme la plus fréquente est celle du cuir chevelu qui démange beaucoup et la plus rare sur les muqueuses. Dans 4 à 5 % des cas, il s’y associe un rhumatisme pouvant entraîner des douleurs et des déformations articulaires.

● Qu’est-ce qui le déclenche ?

Contrairement à d’autres maux, le psoriasis n’existe pas chez l’animal et ne peut être étudié en laboratoire. Il y a certainement une influence du système nerveux dans son déclenchement – stress, anxiété. On a distingué les psoriasis d’apparition précoce, soit avant 30 ans, qui sont souvent plus sévères et chroniques, et ceux révélés tardivement, soit après 40 ans, qui sont moins sévères et parfois révélés par un médicament. Certains psoriasis du visage sont liés au sida.

● Combien de personnes le psoriasis affecte-t-il dans le monde ?

Il touche 4 à 5 % des populations. La répartition est mondiale mais il y a aussi des porteurs sains à vie qui risquent de transmettre le gène de prédisposition à leur descendance. Par contre, il n’est pas vu chez les Esquimaux et les Indiens d’Amérique. On pense que cela est lié à leur alimentation car ces peuples consomment beaucoup de poissons des mers profondes, riches en acides gras essentiels, soit les Omega 3 et 6.

● Quelles sont les conséquences du psoriasis ?

Il occasionne une perte de confiance en soi car la peau est le contact avec la société. L’image du corps est alors détruite. La personne atteinte ne veut pas que les autres la regardent et elle s’isole. Il est indispensable que celle-ci s’exprime avec ses proches, en association ou auprès d’un psychologue car elle doit s’accepter pour pouvoir se soigner. On a noté une très mauvaise observance du traitement. En effet, 50 % des malades abandonnent le traitement au bout de huit semaines alors que, pour lutter contre le mal, ils doivent être partie prenante du traitement.

● Quels en sont les traitements ?

A l’origine, le traitement du psoriasis était l’application de dérivés de goudron de houille, remplacés par la cortisone qui a révolutionné la prise en charge médicale et pour lesquels ses effets secondaires limitent son application – risques d’accoutumance, ralentissement de la croissance des enfants, hypertension artérielle, diabète et atrophie de la peau. L’amélioration par exposition au soleil a justifié la mise au point de cabines avec des rayons ultraviolets, associée à la prise d’un médicament photo-sensibilisant, sans dépasser une dose maximale, sous peine de provoquer des cancers de la peau. Plus récemment, des ultraviolets B sélectifs diffusés à partir de tubes en cabine ont été mis au point. Ces ondes sont efficaces et comportent moins de risques à long terme. Mais tout le monde ne peut accéder à ces traitements pour des raisons pratiques : il faut être disponible trois fois la semaine pour 30 séances devant s’effectuer sous la supervision d’un dermatologue équipé.

● Et quid des nouveaux médicaments ?

Depuis 1993, le premier traitement proposé par la fondation Leo Pharma représentée à Maurice par Copharma, est le calcipotriol, dérivé de la vitamine D3, en application locale. Il est très actif, non toxique et sans effets secondaires. Cette fondation commercialise en Europe une association de cortisone et de calcipotriol qui est très bénéfique.

● Et les traitements par voie orale ?

Ils existent mais sont pour les psoriasis sévères ou résistants. Il y a les rétinoïdes dont l’emploi est cependant limité chez la femme en âge de procréer et le méthotrexate pour les cas avec rhumatismes associés. D’autres médicaments par voie interne sont à l’essai mais on ignore encore leurs effets secondaires et leur prix risque d’être prohibitif.

● Ne guérit-on jamais du psoriasis ?

Cette affection est susceptible de régresser spontanément sur plusieurs mois ou années sans qu’on ait les moyens d’agir volontairement sur son évolution. De ce fait, le patient doit arriver à accepter le traitement avec le soutien de son médecin afin d’avoir un retentissement psychologique le plus faible possible. Cette collaboration peut entraîner une nette amélioration de la qualité de vie.