Les traitements systémiques du psoriasis


Contrairement aux traitements topiques qui sont appliqués directement sur la peau, les traitements systémiques sont administrés par voie orale (sous forme de comprimé ou de liquide), par injection ou perfusion intraveineuse (goutte-à-goutte).
 

La cyclosporine

La cyclosporine est un médicament d’ordonnance qui supprime les réactions immunitaires. Elle a longtemps été considérée comme l’un des médicaments les plus efficaces pour traiter le psoriasis chez certaines personnes atteintes de la maladie. Toutefois, l’utilisation prolongée de ce médicament comporte des risques élevés de développer des maladies graves du rein ou du foie et d’autres affections, telles qu’un cancer des ganglions, de l’hypertension ou un cancer de la peau. C’est pourquoi l’utilisation de la cyclosporine est limitée à des traitements courts et ne devrait pas être prolongée au-delà d’un an, voire deux ans. Ce médicament interagit avec de nombreux médicaments. Il est donc important de mentionner à votre médecin tout médicament et supplément que vous prenez.
 
Les médecins prescrivent normalement la cyclosporine aux patients souffrant de graves poussées ou de psoriasis par effet de rebond après avoir arrêté d’autres traitements. Souvent, la cyclosporine permet d’éclaircir la peau rapidement.
 
La cyclosporine peut provoquer de nombreux effets secondaires, notamment des dommages au rein, des problèmes de foie, de l’hypertension, une pousse accrue de poils, des maux de tête, des risques accrus d’infection, des douleurs aux os ou aux muscles, des tremblements, de la fatigue, de la toux, un écoulement nasal, un essoufflement, des douleurs à l’estomac, de la nausée, des vomissements, de la diarrhée, une sensation d’engourdissement ou de picotement de la peau, un affaiblissement. De plus, les personnes à qui l’on prescrit ce médicament doivent subir des analyses sanguines régulièrement pour surveiller l’apparition éventuelle de troubles métaboliques, tels qu’une concentration trop élevée de magnésium ou d’acide urique dans le sang.
 

Le méthotrexate

Ce médicament traite depuis plus de 50 ans le psoriasis modéré ou grave. Le méthotrexate inhibe le système immunitaire — empêche le corps de s’attaquer lui-même — pour prévenir l’inflammation de la peau qui cause le psoriasis.
 
Bien qu’il soit efficace chez de nombreuses personnes, le méthotrexate comporte un risque accru d’infection parce qu’il inhibe l’activité du système immunitaire. Nombre de spécialistes recommandent aux personnes qui prennent ce médicament de prendre également des suppléments de folate pour éviter des troubles gastro-intestinaux et des problèmes de moelle osseuse.
 
Ce médicament ne convient pas à tout le monde. Les médecins ne le prescrivent pas aux femmes qui sont enceintes ou qui allaitent ni aux personnes qui sont aux prises avec des problèmes de reins ou du foie, une hépatite, une leucémie, l’alcoolisme ou qui sont connues pour ne pas prendre les médicaments qui leur sont prescrits.
 
Parmi les effets secondaires fréquents, on trouve la nausée, l’anorexie, les ulcérations buccales et la fatigue. Les effets secondaires graves du méthotrexate peuvent être problématiques pour le foie, les reins, les poumons et la moelle osseuse.
 
Les interactions médicamenteuses sont fréquentes. Le méthotrexate devient plus toxique lorsqu’on le prend en même temps que les :
  • anti-inflammatoires non stéroïdiens, comme l’ibuprofène, les salicylés, le naproxène, l’indométhacine et la phénylbutazone;
  • antibiotiques courants, notamment les pénicillines, les sulfonamides, le triméthoprime ou le sulfaméthoxazole, la minocycline et la ciprofloxacine;
  • diurétiques thiazidiques, les sulfonylurés, la phénytoïne, les barbituriques et le furosémide.
 
Les personnes qui prennent du méthotrexate doivent subir des analyses sanguines périodiquement pour surveiller l’apparition éventuelle de problèmes au foie ou d’autres effets secondaires.
 

Les rétinoïdes oraux

Les rétinoïdes oraux, comme l’acitrétine, sont dérivés de la vitamine A. On les réserve habituellement pour le traitement des formes graves du psoriasis qui couvrent plus de 10 % du corps ou qui causent une incapacité physique, occupationnelle ou psychologique. Ils sont particulièrement efficaces pour soigner le psoriasis sur la paume des mains ou la plante des pieds. Dans l’ensemble, ils ont tendance à être moins efficaces que le méthotrexate et la cyclosporine. Les rétinoïdes oraux sont souvent utilisés en association avec la photothérapie par rayons UVB ou UVA et les médicaments biologiques pour obtenir de meilleurs résultats.
 
Ces médicaments ralentissent la croissance des cellules cutanées, empêchent la peau d’enfler et le corps de s’attaquer lui-même.
 
L’utilisation à long terme des rétinoïdes oraux est sans danger. Ces médicaments sont souvent prescrits comme traitement d’entretien. Lorsqu’ils sont associés à d’autres médicaments, ils agissent en synergie, permettant ainsi l’utilisation de doses plus faibles de chaque médicament.
 
Des interactions médicamenteuses avec d’autres médicaments pour traiter le psoriasis — comme la cyclosporine — peuvent se produire. On doit notamment éviter de prendre des suppléments contenant de la vitamine A pour empêcher une surdose.
 
Les effets secondaires fréquents — comme la sécheresse oculaire, buccale ou nasale, les saignements de nez, la peau sèche, les lèvres enflées ou gercées, les ongles cassants, la perte de cheveux, la nausée, le mal d’estomac, les douleurs musculaires ou articulaires, les picotements, les démangeaisons, la sensation de brûlure ou de peau collante — apparaissent chez la plupart des personnes qui prennent un rétinoïde oral. Un effet secondaire moins courant consiste en une plaque de peau ressemblant à une forme de psoriasis instable.
 
Les rétinoïdes oraux ne doivent pas être pris par les femmes en âge de procréer à moins qu’elles utilisent un contraceptif fiable. Comme ces médicaments demeurent longtemps présents dans le corps, les femmes devraient éviter de tomber enceintes pendant qu’elles les prennent et jusqu’à trois ans après avoir arrêté de les prendre. Les femmes qui allaitent ne devraient pas non plus prendre de rétinoïde oral.
 
Les personnes qui prennent des rétinoïdes oraux doivent subir des analyses sanguines périodiquement pour surveiller les taux de leur cholestérol et des triglycérides ainsi que leurs fonctions rénale et hépatique.
 

Les médicaments biologiques

Les modificateurs de la réponse biologique, communément appelés médicaments biologiques, constituent la plus récente classe de médicaments de l’arsenal thérapeutique contre le psoriasis. Ils sont considérés comme étant très efficaces chez les personnes souffrant d’une forme modérée ou grave du psoriasis.
 
Jusqu’à maintenant, les médicaments biologiques ont principalement été utilisés par les personnes ne pouvant recevoir d’autres traitements ou souffrant d’une forme de psoriasis qui ne s’améliore pas avec d’autres types de traitements. Cependant, l’Alliance canadienne des patients en dermatologie (ACPD) milite(link to advocacy page) actuellement auprès des provinces pour qu’elles permettent aux dermatologues de décider si et quand un médicament biologique doit être privilégié comme première approche pour traiter un patient donné.
 
Les médicaments biologiques sont soit similaires aux protéines produites par le système immunitaire du corps humain soit identiques à celles-ci. Ces médicaments bloquent les interactions entre certaines cellules du système immunitaire pour empêcher celui-ci de provoquer l’inflammation de la peau. Toutefois, l’inhibition de l’activité du système immunitaire affaiblit la résistance aux infections. C’est pour cette raison que les personnes devant prendre des médicaments biologiques se font généralement vacciner contre la grippe, l’hépatite A et B, la pneumonie, le tétanos, la diphtérie et d’autres maladies infectieuses avant même de commencer leur traitement.
 
De plus, avant le début du traitement, les patients doivent généralement subir des analyses sanguines pour détecter la présence de tout problème au foie, d’une hépatite ou de la tuberculose. S’ils ont ou s’ils développent une infection grave, ils doivent interrompre la prise de médicaments biologiques jusqu’à ce que leur infection soit guérie.
 
Les personnes souffrant d’insuffisance cardiaque congestive, de sclérose en plaques ou de maladies similaires, ou dont un membre de la famille est atteint de sclérose en plaques, ne peuvent prendre de médicaments biologiques. De plus, ces médicaments devraient être utilisés avec circonspection dans le cas de personnes ayant des antécédents personnels ou familiaux de cancer.
 
La plupart des médicaments biologiques, y compris l’adalimumab, l’aléfacept, l’étanercept et l’ustekinumab, sont administrés par des injections sous-cutanées (sous la peau) par un membre du personnel infirmier ou par le patient lui-même après qu’il a reçu une formation appropriée. Les effets secondaires fréquents comprennent des réactions cutanées légères au lieu d’injection, de la nausée, une infection des voies respiratoires supérieures, des éruptions cutanées et des maux de tête.
 
On administre l’infliximab, un autre médicament biologique, par perfusion intraveineuse (goutte-à-goutte) sous surveillance médicale, dans une clinique ou dans le service de rhumatologie d’un hôpital. Après la première perfusion d’infliximab, les perfusions subséquentes sont administrées deux semaines puis six semaines plus tard, ensuite toutes les huit semaines. Chacune d’elle dure environ deux heures et est suivie d’une période d’observation d’une heure ou plus. Les effets secondaires fréquents du médicament comprennent la fièvre, des éruptions cutanées, des maux de tête et des douleurs musculaires ou articulaires.
 
Au Canada, on utilise cinq modificateurs de la réponse biologique (médicaments biologiques) pour traiter le psoriasis modéré ou grave. Généralement, on classe ces médicaments en trois groupes selon leur mode de fonctionnement :
  • inhibiteurs du TNF;
  • inhibiteurs de l’interleukine;
  • inhibiteurs des lymphocytes T.
 
Les inhibiteurs du TNF
Certains médicaments biologiques, comme l’adalimumab, l’étanercept et l’infliximab, bloquent l’action des messagers du facteur de nécrose des tumeurs (ou TNF, qui est l’abréviation de tumor necrosis factor) produits par le système immunitaire. Chez certaines personnes atteintes du psoriasis, on observe un taux trop élevé de messagers TNF dans leur corps, et cette surabondance peut provoquer l’inflammation de la peau.
 
Les inhibiteurs du TNF peuvent réduire et normaliser le nombre de messagers TNF dans le corps. 
 
Les inhibiteurs du TNF, qui influent sur le système immunitaire, peuvent modifier la capacité de résister aux infections. Assurez-vous de mentionner à votre médecin tout signe d’infection ou vos antécédents de tuberculose ou d’hépatite B. Parlez-lui aussi des infections qui reviennent sans cesse ou de toute autre maladie dont vous souffrez, comme le diabète, qui peut accroître vos risques d’infection. Si vous êtes enceinte ou si vous allaitez, vous devriez parler avec votre médecin pour savoir s’il est préférable d’interrompre temporairement votre médication.
 
Voici les effets secondaires fréquents de ces médicaments :
  • Adalimumab : douleur, inflammation, saignement ou enflure au lieu d’injection; les autres effets secondaires comprennent l’infection des voies respiratoires supérieures, des maux de tête, des éruptions cutanées, la nausée, des douleurs abdominales et l’infection des voies urinaires.
  • Étanercept : une légère réaction comprenant de la douleur, de l’inflammation, des saignements ou de l’enflure au lieu d’injection, des infections, notamment au niveau des voies respiratoires supérieures.
  • Infliximab : des infections, de la fatigue, des douleurs articulaires, abdominales ou dorsales; après la perfusion, les autres effets secondaires peuvent comprendre de l’essoufflement, de l’urticaire ou des maux de tête.
 
Les inhibiteurs du TNF sont largement utilisés pour soigner d’autres affections, telles que la polyarthrite rhumatoïde et la polyarthrite psoriasique. Ils ont ainsi des antécédents pharmaceutiques démontrés depuis longtemps ainsi qu’un profil d’effets secondaires prévisibles.
 
Les inhibiteurs de l’interleukine
Les inhibiteurs de l’interleukine, comme l’ustekinumab, peuvent bloquer l’activité de certaines protéines sécrétées par le corps — appelées interleukines — qui amènent le système immunitaire à attaquer la peau et les ongles.
 
Les médicaments comme l’ustekinumab peuvent influer sur votre capacité à résister aux infections. Mentionnez à votre médecin tout signe d’infection, comme de la fièvre, de la fatigue, une toux ou des symptômes pseudo-grippaux, et toutes coupures ouvertes ou plaies. Vous devriez également subir un test de dépistage de tuberculose avant de commencer à prendre ce médicament. Si vous devez recevoir un vaccin vivant, ou si vous êtes enceinte ou allaitez, parlez-en à votre médecin pour savoir si vous devriez interrompre temporairement la prise de l’ustekinumab.
 
Parmi les effets secondaires fréquents, on trouve des infections des voies respiratoires supérieures, telles que l’infection des sinus et la pharyngite.
 
Les inhibiteurs des lymphocytes T
Chez les personnes atteintes de psoriasis, les lymphocytes T du système immunitaire sont hyperactifs. Ils accélèrent la croissance des cellules cutanées, qui se multiplient ainsi de 7 à 12 fois plus rapidement que la normale. Cette croissance effrénée des cellules cutanées entraîne la formation de plaques. Les inhibiteurs des lymphocytes T tels que l’aléfacept et l’éfalizumab :
  • empêchent les lymphocytes T du système immunitaire de devenir hyperactifs;
  • réduisent le nombre de lymphocytes T hyperactifs déjà présents dans le corps.
 
Avant de vous administrer votre première dose d’inhibiteurs de lymphocytes T ainsi que les doses subséquentes toutes les deux semaines dans le cadre de votre traitement, votre médecin devrait faire vérifier le taux de certaines cellules immunitaires (lymphocytes T CD4) dans votre sang. En fonction des résultats de l’analyse, votre médecin décidera si vous devez reporter l’injection ou cesser le traitement.
 
Les effets secondaires fréquents comprennent une légère réaction se manifestant par une douleur, une inflammation, un saignement ou une enflure au lieu d’injection, de même que des symptômes pseudo-grippaux.