Les médicaments topiques pour traiter le psoriasis


De 80 % à 90 % des personnes atteintes de psoriasis souffrent d’une forme légère ou modérée de la maladie, qui peut être soignée par des médicaments topiques — appliqués sur la peau — tels que des crèmes, des gels, des onguents, des solutions, des mousses, des rubans, des pulvérisations, des huiles, des shampooings et des lotions. On peut utiliser ces médicaments topiques seuls ou en association avec d’autres formes de traitements, telles que la photothérapie, le méthotrexate ou des médicaments biologiques.
 

Les corticostéroïdes topiques

Les corticostéroïdes sont des versions synthétiques d’hormones sécrétées par le corps humain. Ils représentent le type de traitement le plus prescrit pour soigner le psoriasis. En effet, les crèmes, lotions, mousses, gels, onguents et pulvérisations à base de corticostéroïdes sont les médicaments topiques qu’on prescrit le plus souvent pour traiter le psoriasis léger ou modéré. Lorsqu’ils sont appliqués sur la peau, ils réduisent l’inflammation sur la surface traitée, ce qui en fait des médicaments très bénéfiques pour certaines formes de psoriasis. Ils sont offerts en préparations dont le dosage est soit faible, élevé ou très élevé.
 
Généralement, les corticostéroïdes agissent rapidement, et l’on peut appliquer les préparations à faible dosage pratiquement partout sur le corps. Dans le cas d’un psoriasis léger ne présentant que quelques petites plaques, un médicament à faible dosage vendu sans ordonnance peut très bien faire l’affaire. Cependant, si les plaques sont couvertes de croûtes épaisses ou si elles sont très grandes, l’application de corticostéroïdes à dosage élevé peut être prescrite, seule ou en association avec d’autres traitements.
 
Si l’on utilise des corticostéroïdes pendant une longue période pour traiter une grande surface de peau, il se peut que le corps absorbe le médicament. On parle alors d’absorption systémique, qui peut éventuellement entraîner le développement du syndrome de Cushing, de cataractes, d’un glaucome et de l’ostéoporose. Il est donc important de suivre à la lettre les directives du médecin pour l’utilisation de crèmes ou de lotions à base de corticostéroïdes.
 
Les effets secondaires sont :
  • une peau mince et fragile sur laquelle apparaissent facilement des ecchymoses;
  • l’apparition de petits vaisseaux sanguins;
  • des bandes de peau mince et rouge qui se changent en lignes blanc argenté (vergetures);
  • l’infection de follicules pileux;
  • l’apparition de petites taches rouges ou pourpres;
  • une dermatite de contact (éruption cutanée);
  • une vulnérabilité aux infections;
  • l’apparition de poils.
 
Les corticostéroïdes topiques peuvent aggraver la rosacée, les éruptions cutanées autour de la bouche, le pied d’athlète et d’autres infections semblables. Généralement, on n’utilise les médicaments très puissants que pendant deux à quatre semaines à la fois pour limier les risques d’absorption systémique et l’apparition d’autres effets secondaires. Lorsque le psoriasis est disparu, on diminue graduellement l’utilisation des corticostéroïdes topiques avant de l’arrêter complètement pour réduire les risques de poussées par effet de rebond. Le développement éventuel d’une résistance aux corticostéroïdes topiques après un usage prolongé ne fait pas encore l’unanimité; les opinions sont encore très partagées sur ce sujet.
 

Les dérivés de la vitamine D3

Les dérivés de la vitamine D3, tels que le calcipotriol, sont offerts sous la forme de crèmes, d’onguents et de solutions pour soigner le psoriasis léger ou modéré. Ils permettent de réduire la corticothérapie, c’est-à-dire qu’ils permettent de réduire l’utilisation de corticostéroïdes topiques. On applique ces dérivés généralement une ou deux fois par jour pendant huit semaines. Lorsqu’ils sont associés à des corticostéroïdes topiques, les dérivés de la vitamine D3 sont plus efficaces chez les personnes atteintes de psoriasis en plaques que l’un ou l’autre de ces médicaments utilisés seuls.
 
Ils sont très efficaces, mais ils peuvent produire des effets secondaires chez 35 % des personnes qui les utilisent. Toutefois, ces effets secondaires diminuent souvent avec le temps.
 
Les effets secondaires dérivés de la vitamine D3 comprennent notamment la sensation de brûlure, des démangeaisons, la desquamation, la sécheresse de la peau et des éruptions cutanées. On ne devrait pas les utiliser sur la peau du visage. Chez les personnes qui en appliquent de grandes doses sur une grande partie de leur corps, les dérivés de la vitamine D3 peuvent causer l’augmentation du taux de calcium dans le sang. Celui-ci revient toutefois à la normale quand on arrête d’appliquer le médicament. Ces dérivés peuvent également causer une sensibilité à la lumière et provoquer une sensation de brûlure s’ils sont appliqués sur la peau juste avant une séance de photothérapie à rayons UVB.
 
L’onguent à base de calcitriol, qui est une forme active de la vitamine D, est actuellement offert sur le marché.
 

Les rétinoïdes topiques

Les rétinoïdes topiques sont efficaces pour le traitement du psoriasis léger ou modéré. Au Canada, on trouve au moins une sorte de rétinoïde topique, soit le tazarotène. Utilisé en association avec des corticostéroïdes topiques, le tazarotène peut prévenir l’amincissement de la peau, qui est un effet secondaire fréquent des corticostéroïdes.
 
L’association d’un rétinoïde topique avec la photothérapie à rayons UVB peut accroître les bénéfices de celle-ci et réduire le temps d’exposition aux rayons ultraviolets qui est habituellement nécessaire pour obtenir de bons résultats.
 
L’irritation de la peau sur les plaques de psoriasis ou autour de celles-ci est un effet secondaire fréquent des rétinoïdes topiques. On peut atténuer l’irritation en utilisant un hydratant, en appliquant le médicament tous les deux jours, en laissant le médicament en place pendant 30 à 60 minutes (traitement de court contact) ou en l’associant à un corticostéroïde topique.
 
On recommande aux femmes qui sont enceintes ou qui allaitent de ne pas utiliser les rétinoïdes topiques, car ils sont associés à des risques élevés de malformations chez le bébé.
 

Autres médicaments topiques

Les hydratants en vente libre (émollients) laissent un film sur la surface de la peau, formant ainsi une barrière qui permet de conserver l’hydratation des couches superficielles de la peau. Ces produits peuvent avoir un effet apaisant et permettre d’enlever les croûtes qui se forment sur les plaques de psoriasis. Ils peuvent également accroître l’efficacité des médicaments topiques. L’application d’un hydratant jusqu’à trois fois par jour constitue un traitement complémentaire pour soigner le psoriasis — utilisé seul, l’hydratant est incapable de maîtriser les poussées.
 
L’acide salicylique peut réduire la desquamation et, souvent, amollir les plaques rougeâtres de psoriasis. Il est, par ailleurs, fréquemment associé à d’autres médicaments topiques. On ne devrait pas appliquer d’acide salicylique sur plus de 20 % de la surface du corps. De plus, on ne devrait pas utiliser ce produit sur les enfants ou les personnes souffrant d’une maladie du rein ou du foie. L’acide salicylique peut réduire l’efficacité de la photothérapie aux rayons UVB et interagir avec certains médicaments administrés par voie orale.
 
L’anthraline est une crème jaunâtre utilisée essentiellement comme traitement de court contact (de 20 à 30 minutes) pour soigner le psoriasis léger ou modéré et le psoriasis du cuir chevelu, qui est difficile à traiter. Cependant, elle est rarement utilisée à cause de ses inconvénients et de son manque d’esthétisme. Elle n’est pas aussi efficace que les corticostéroïdes topiques d’ordonnance ou les dérivés de la vitamine D. L’anthraline peut tacher la peau, les vêtements et toute autre surface avec laquelle elle entre en contact. Elle peut également entraîner d’autres effets secondaires, notamment une irritation de la peau. Elle n’est plus commercialisée comme telle, mais elle peut être mélangée à un autre produit par le pharmacien.
 
Les préparations à base de goudron ne sont plus utilisées aussi souvent qu’avant pour traiter le psoriasis. Aujourd’hui, on les retrouve surtout dans les shampooings et les gels en vente libre pour soigner le psoriasis léger ou modéré. Étant donné que ces préparations ne sont pas standardisées, l’efficacité du goudron varie grandement d’un produit à l’autre. Par exemple, des études ont démontré qu’une lotion contenant 1 % de goudron est plus efficace qu’un extrait à 5 % de goudron. L’odeur des préparations à base de goudron et le fait qu’elles tachent et ne sont pas très esthétiques dissuadent les personnes atteintes de psoriasis de les utiliser. Elles peuvent provoquer des effets secondaires, notamment une photosensibilité aux rayons UVA, une dermatite de contact et l’infection de follicules pileux.
 
Par ailleurs, on dispose de peu de preuves scientifiques démontrant que les remèdes suivants sont efficaces pour traiter le psoriasis. Ces remèdes peuvent toutefois apporter un certain soulagement aux personnes souffrant de psoriasis léger.
 
Aloès
  • Il peut réduire les rougeurs, la desquamation, les démangeaisons et l’enflure.
  • On doit appliquer la crème plusieurs fois par jour pendant au moins un mois, voire plusieurs mois, avant que l’aspect de la peau s’améliore.
 
Huile de poisson
  • Les acides gras oméga-3 provenant de 3 g ou moins de suppléments d’huile de poisson pris quotidiennement peuvent améliorer l’état du psoriasis
 
Pyrithione de zinc
  • Il est offert sous forme de pulvérisation, de savon ou de solution pour traiter de petites plaques de psoriasis et le psoriasis du cuir chevelu.
  • Il peut réduire les démangeaisons, les rougeurs et la desquamation.
  • Chez certaines personnes, il peut faire disparaître les croûtes et les lésions de psoriasis.