Vivre avec un rhumatisme psoriasique

5 à 20% des patients atteints de psoriasis souffrent un jour de rhumatisme psoriasique. Atteinte par cette arthrite, Denise Lesœur, membre de l’association pour la lutte contre le psoriasis de l’Essonne a rencontré Jacques-Henri Julié, un rhumatologue. Ensemble, ils font le point sur cette pathologie bénigne, mais très handicapante.
Agée de 49 ans, Denise Lesœur vit avec un psoriasis depuis 36 ans. Adolescente, les plaques rouges et les squames de cette dermatose couvraient jusqu’à 80 % de son corps. Il y a trois ans, le rhumatisme psoriasique a fait son apparition. L’association des deux pathologies altère chaque jour un peu plus la qualité de vie de cette femme. «C’est très invalidant, j’ai des raideurs, des douleurs et des gonflements dans les articulations. Je fais de nombreuses chutes à cause de mon rhumatisme psoriasique. «Comme avec le psoriasis cutané, j’ai des difficultés à faire comprendre à mon entourage la gêne et la souffrance que m’occasionnent ces rhumatismes».
Priorité au dépistage !
Lundi dernier, Denise Lesœur est allée à la rencontre d’un rhumatologue, un médecin spécialisé dans le diagnostic et le traitement des problèmes associés aux muscles, aux articulations et aux os pour en apprendre plus sur sa maladie. «Le rhumatisme psoriasique est un rhumatisme inflammatoire chronique caractérisé par son association avec le psoriasis cutané qu’il peut suivre, accompagner ou, exceptionnellement, précéder. Les deux principaux signes sont la douleur et l’enflure des doigts et des orteils : ceux-ci deviennent rouges, et tuméfiés (tous ne sont pas forcément touchés), explique Jacques-Henri Julié, rhumatologue. Il y a deux types de rhumatisme psoriasique : le rhumatisme périphérique (inflammation d’une ou plusieurs articulations des membres) et le rhumatisme axial (inflammation de la colonne vertébrale)».
L’importance d’un dépistage précoce
La pierre d’achoppement de cette pathologie est le dépistage car le rhumatisme psoriasique ressemble à d’autres formes d’arthrites, notamment la polyarthrite rhumatoïde. Il est très important de poser rapidement un diagnostic précis parce que la plupart des traitements offre une efficacité maximale lorsqu’ils sont instaurés au début de la maladie. Trésorier adjoint du syndicat national des médecins rhumatologues, Jacques-Henri Julié plaide pour une information optimale des médecins généralistes, car ce sont généralement eux que l’on consulte en premier lieu. «Le plus délicat en matière de rhumatisme psoriasique est le dépistage, remarque le rhumatologue. Une fois le diagnostic confirmé, on peut avoir recours à divers traitements pour soulager le patient. Hélas, il s’agit de traitement à vie, sans aucune perspective de “guérison”. Ces traitements peuvent améliorer la qualité de vie des patients et offrir une rémission assez longue. La cause de la maladie n’est pas connue, toutefois il est probable qu’il s’agisse d’un désordre immunitaire.» Les traitements permettent de maîtriser l’inflammation, de soulager la douleur et de préserver la mobilité et la fonction des articulations, néanmoins ils sont lourds, contraignants et ont des effets secondaires plus ou moins gênants.
On soulage la douleur
«Il y a deux types de traitements. Le premier est symptomatique, il est basé sur la prise d’anti-inflammatoires styroïdiens administrés par voie buccale ou par infiltration. A ce traitement symptomatique s’ajoute un traitement de fond dans le but de maîtriser l’évolution de la maladie. Une surveillance clinique et biologique du patient est nécessaire. Généralement la périodicité des consultations est d’une par mois» précise le rhumatologue. Pour une prise en charge efficace de la pathologie, le patient doit être suivi conjointement par un rhumatologue pour l’arthrite et un dermatologue pour les dermatoses. Récemment, l’arsenal thérapeutique s’est enrichi de biothérapies qui malheureusement pour le moment ne peuvent être prescrites qu’en milieu hospitalier, notamment en raison d’un coût particulièrement important (environ 13 000 euros par an et par patient). Ces biothérapies peuvent être particulièrement intéressantes dans le cadre de l’évolution du psoriasis cutané.
C.C.