Origine génétique du psoriasis

Un état d’esprit qu’a constaté le Dr Curdin Conrad, médecin adjoint au service de dermatologie et responsable du Centre du Psoriasis au Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV), lors de ses consultations: «Quand un patient atteint de psoriasis arrive, c’est parfois cinq à dix ans après le dernier contrôle médical. Meurtri par le regard des autres, peu informé sur les traitements existants, il a basculé dans le défaitisme.»
Et pourtant, consulter est crucial. «Le psoriasis n’est pas qu’un problème cosmétique! alerte le Pr Wolf-Henning Boehncke, médecin-chef du service de dermatologie des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). Non seulement les lésions de la peau peuvent bénéficier de traitements efficaces, mais il y a également des complications fréquentes, inhérentes à la maladie. Parmi elles: un risque accru de troubles cardio-vasculaires, de diabète et, dans 20 à 25% des cas, l’apparition d’arthrite psoriasique, potentiellement dévastatrice pour les articulations. Ces conséquences sont indépendantes de l’intensité des plaques observées sur la peau.» Un diagnostic précis et un suivi régulier, y compris par un rhumatologue si nécessaire, sont donc essentiels pour adapter au mieux le traitement, et prévenir l’apparition de telles complications.
D’origine génétique, les causes de cette maladie restent mystérieuses (voir infographie). Qu’il s’agisse du psoriasis «en plaques chroniques» (80% des cas), «pustuleux palmoplantaire» (pustules présentes sur les mains et les pieds), «en gouttes» (le plus fréquent chez les enfants et les adolescents), ou encore «érythrodermique» (cette forme rare mais violente peut nécessiter une hospitalisation), le mécanisme en jeu est celui d’une maladie auto-inflammatoire. En effet, le psoriasis provient, dans la plupart des cas, d’un «dialogue perturbé» entre des cellules de défense de l’organisme – macrophages et lymphocytes notamment – qui, pensant à tort devoir agir contre un intrus, déclenchent une attaque contre les cellules pourtant saines de la peau, les kératinocytes. L’assaut s’opère par le biais d’agents de terrain, appelés interleukines. C’est ce qui cause l’inflammation ainsi que les démangeaisons. Des plaques rouges apparaissent sur la peau qui, en réaction, décuple la vitesse de renouvellement de ses cellules. Ces cellules en surnombre finissent par mourir. Et c’est l’accumulation de cellules mortes qui génère les taches blanches que l’on observe sur la peau des malades. Le grand problème du psoriasis est que ce cercle vicieux inflammatoire ne s’arrête pas de lui-même. En période de «crise» comme dans les semaines d’accalmie, l’inflammation demeure. En cela, la maladie est dite incurable